Comment la fleur se réinvente grâce au slow flower ?

Que se cache-t-il vraiment derrière nos bouquets de roses ? Si belle soit-elle, la fleur que nous achetons chez nos fleuristes cache souvent une histoire beaucoup moins glorieuse qu’on voudrait bien nous le faire croire. Transport, mode de culture, usage d’intrants chimiques, la floriculture industrielle à grande échelle a de véritables impacts écologiques sur la planète. Heureusement, les mentalités évoluent comme le prouve le mouvement Slow Flower et le Collectif de la fleur française.

La fleur : une industrie polluante

Durant les 30 dernières années, le commerce international de la fleur a connu des mutations profondes, avec un déplacement de la production vers les pays du Sud, révèle Fairtrade/Max Havelaar sur son site internet.

Et aujourd’hui, 9 fleurs sur 10 produites à l’étranger transitent par FloraHolland, le plus grand importateur du monde, baptisé le « Wall Street des fleurs ». Tous les jours, des dizaines de millions de fleurs sont vendues aux enchères sur les marchés français et internationaux. Les fleurs sont expédiées par bateau ou avion dans des conteneurs réfrigérés, puis expédiées vers le pays acheteur par camion.

Ainsi, ramené à son poids et son volume, la fleur est le végétal le plus gourmand en eau et en produits chimiques. En effet, la fleur est fragile et nécessite un environnement favorable et une terre chargée en fertilisants chimiques pour accélérer la floraison.

La filière de la fleur française menacée

A l’heure actuelle, 80% des fleurs commercialisées en France sont issues de l’importation. Et on le sait bien : la traçabilité de ces végétaux est complexe. Il est donc très difficile de connaître leur mode de production, le niveau d’emploi de fertilisants chimiques ou encore les conditions de travail des ouvriers agricoles.

« 50 % des producteurs de fleurs françaises ont disparu ces dix dernières années »

Audrey Venant

L'industrie de la fleur en Hollande

Aujourd’hui, c’est toute une filière qui est menacée par le commerce de fleurs hollandais à grande échelle. Cette industrie très polluante, à la recherche permanente de rentabilité et de performance, est une véritable aberration écologique. Il est aujourd’hui plus que nécessaire de repenser ce modèle en promouvant une consommation réfléchie, plus locale et en accord avec les saisons et les préoccupations environnementales actuelles. C’est dans cette démarche que s’inscrit le mouvement slow flower et l’action du Collectif de la fleur française.

Le mouvement slow flower

Né aux Etats-Unis en 2008, le mouvement Slow Flower ou « fleur lente », qui s’inspire de la slow food ou de la slow fashion, défend l’idée que la consommation éthique, locale et responsable passe aussi par les fleurs. Mais c’est réellement aux Royaume Uni, quelques années plus tard, que le phénomène va prendre de l’ampleur.

A la base du Slow Flower, il y a l’idée que la production de fleur doit être naturelle et fonction des saisons, avec le moins d’intrants possibles et un commerce au niveau local. En France, ce mouvement tarde à s’enraciner, avec pour conséquence une disparition progressive de la production locale dans l’Hexagone. En effet, la plupart des bouquets que vous trouverez en magasin sont confectionnés avec des fleurs en provenance du Kenya, d’Equateur, des Pays Bas, etc.

Aujourd’hui, un bouquet de 25 roses pollue autant qu’un trajet de 20 kilomètres en voiture. Ajoutez à cela que les roses produites au Pays-Bas poussent dans des serres chauffées et éclairées 24h/24h. Et enfin, que de nombreux fertilisants chimiques sont utilisés pour accélérer leur croissance. Vous voyez que la filière de la culture des fleurs a un réel impact sur l’environnement, mais également sur la santé des ouvriers agricoles.

En 2017, le magazine 60 millions de consommateurs a réalisé une étude sur les engrais et intrants chimiques présents dans les bouquets de 10 grandes enseignes françaises (Interflora, Monceau, Aquarelle,…). Résultat : tous les bouquets analysés contenaient au minimum 4 substances chimiques.

L’impact écologique de la filière est donc très important que ce soit en termes de transport, de mode de culture, mais aussi d’emballages, puisque la plupart du temps, les bouquets sont emballés dans du plastique. Heureusement de ce côté là également, les mentalités évoluent et de nombreux artisans utilisent aujourd’hui du papier recyclé.

Le collectif de la fleur française

Le collectif de la fleur française

Le Collectif de la fleur française est une association qui milite pour une fleur locale et de saison. Ce réseau associatif soutient l’agriculture responsable et invite les artisans et les consommateurs à repenser leurs pratiques. L’association a été créée en 2017 par Hélène Taquet.

Le Collectif de la fleur française s’inspire du Slow Flower et souhaite développer la floriculture made in France, en permettant à la production française de passer de 15 à 50% du marché, tout en favorisant la vente locale et de saison.

Les Fleurs de Prune en Cévennes

Dans les Cévennes au Vigan, Prune cultive des fleurs biologiques sur un petit terrain à l’écart du village. Depuis 2020, elle propose sa production aux fleuristes de la région et confectionne des bouquets sur commande durant toute la belle saison.

Sensible aux enjeux écologiques, Prune pratique une agriculture biologique et paysanne sur de petites surfaces, dans un souci permanent de préserver l’environnement. Elle utilise ainsi des méthodes naturelles qui respectent la terre et l’écosystème :

  • couverture du sol avec du Bois Raméal Fragmenté et du fumier ;
  • usage d’engrais verts ;
  • grande biodiversité dans les cultures ;
  • reproduction de semences ;
  • arrosage au goutte-à-goutte ;
  • etc.

Elle commercialise ensuite ses fleurs en circuit court, en favorisant la vente directe et les marchés locaux. C’est pour elle la seule manière de garantir la parfaite traçabilité de ses fleurs à toutes les étapes de leur production, de la culture à la récolte en passant par la confection et le conditionnement des bouquets.

Pour aller plus loin

Envie d'autres escapades dans l'Hexagone ?

Abonnez-vous au podcast La France Baladeuse

Partager l’article

Laisser un commentaire