L’univers ferroviaire, souvent perçu comme un simple moyen de transport, se révèle être une source d’inspiration artistique riche pour Véronique Béné. Originaire de Clermont-Ferrand et née en Algérie dans les années 60, cette ancienne élève des Arts Déco a délaissé la vie parisienne pour s’installer près des gorges de l’Allier, où elle partage son temps entre une maison perchée offrant une vue imprenable sur la vallée et son amour pour les trains.
Véronique : une carnettiste passionnée par le rail
Véronique habite un ancien presbytère qui surplombe la voie ferrée, offrant une perspective unique, presque semblable à une maquette en miniature. « C’est la vallée de l’Allier. C’est très beau. Il y a des villages perchés, c’était un ancien pays de vigne », explique-t-elle. Sa maison est idéalement située au bord de la voie ferrée et de la rivière Allier, créant ce qu’elle qualifie de « combo parfait ».
Si je me penche un peu à la fenêtre, je vois la voie ferrée, un peu comme une petite maquette. Moi, j’ai toujours bien aimé entendre le train passer. Des fois, c’est un long brouhaha et ça, c’est le train de fret, le train de bois qui est très long. Sinon c’est un bruit plus léger. Ça doit être juste un TER qui passe, un TER tout simple…
Véronique passe le plus clair de son temps dans un train ou dans les gares, un carnet de croquis à la main. Cette carnettiste infatigable dessine sans relâche ses tribulations ferroviaires. C’est une véritable mordue des lignes oubliées et du petit patrimoine ferroviaire. Celui que personne ne voit, mais que son œil d’experte sait déceler dans les moindres détails.
Elle aime se poser dans des gares microscopiques et laisser aller son esprit à la divagation. C’est dans cette attente, dans ces moments flottants que les idées surviennent, que des rencontres se nouent et que des histoires se créent.
Si la grand-mère du petit chaperon rouge avait été garde-barrière, elle aurait habité cette maisonnette. Le loup serait arrivé en train, après avoir remis une fiche horaire obsolète à la fillette. Tromperie qui lui aurait assuré un avantage de quelques heures. Le chasseur n’aurait pas été chasseur, mais cheminot, un roulant qui se serait inquiété de ne pas voir la vieille dame à sa barrière, saluant comme à son habitude les mains sur les hanches.
[Extrait du livre Secrets Ferroviaires d’Auvergne]
Dessiner pour documenter le patrimoine ferroviaire français
Son engagement va au-delà du dessin. Dans son livre « Secrets Ferroviaires d’Auvergne », elle documente le patrimoine en péril, soulignant le défi auquel sont confrontées de nombreuses lignes rurales en France. Elle estime que le train ne devrait pas être uniquement une question de rentabilité, plaidant pour la préservation de ces infrastructures essentielles aux petites communautés.
Véronique ressent une grande tendresse pour les petits détails ruraux, en particulier les maisons de garde-barrière. Elle invite de voyageur à porter attention à ces trésors oubliés. Ces livres sont des hommages à ces lignes magnifiques et si souvent délaissées. Assise au bord des voies, l’attente à tendance à stimuler son imaginaire. Elle rêve de cow-boys, elle revoit les images du film « Le train sifflera trois fois », et elle laisse son crayon faire le reste…
J’ai beaucoup de tendresse pour ces petites choses, ces petits motifs du rural. Les maisons de garde-barrière, c’est énormément de tendresse. J’aime les paysages ferroviaires parce que souvent, on ne les voit plus. Je trouve ça un peu dommage. Alors j’ai envie de m’arrêter de les dessiner pour les montrer aux autres.
Découvrez le livre Secrets Ferroviaires D’Auvergne
Dans son livre Secrets ferroviaires d’Auvergne, Véronique raconte ses tribulations sur les petites lignes qui jalonnent une grande partie des Cévennes et du Massif Central. Parmi les nombreuses anecdotes du livre, elle m’a raconté comment une équipe d’étudiants, inspirée par le situationnisme, s’était donnée rendez-vous à la halte des Fades pour expérimenter l’ennui. Ils avaient certainement choisi ce lieu, car son nom leur évoquait la fadeur. Mais les fades sont en fait des fées, des fadas…
Le viaduc des Fades, justement, est très proche de Bellenaves. Il est situé sur l’ancienne ligne de chemin de fer de Lapeyrouse à Volvic, aujourd’hui à l’arrêt. Peut-on réellement y éprouver l’ennui ? Et est-ce vraiment dans l’attente qu’il s’expérimente ? Pas pour Véronique en tout cas ! C’est justement dans ces moments flottants que nait sa créativité.
Son travail a été récompensé du grand prix de la Fondation Michelin lors des rendez-vous du carnet de voyage en 2022. À travers ses croquis, elle contribue à préserver et partager l’histoire des lignes ferroviaires en danger.
Poursuivez le voyage sur la ligne Clermont-Montluçon
Si tu souhaites en savoir plus du Bellenaves et sa région, rendez-vous sur le site internet de l’office de tourisme du Val de Sioule ou sur le portail web de Allier Tourisme. Tu y retrouveras de nombreux conseils pour t’aider à organiser tes prochaines vacances dans le département.
Cet épisode a été imaginé et réalisé en collaboration avec l’association Once Upon a Train. Le podcast a été enregistré pendant le festival Rurail & Vous, qui a eu lieu au Champs des Couchettes en juin dernier. Merci à Anna, Samuela et Margaux pour leur accueil et leur bienveillance.
Si tu aimes les voyages en train, je te recommande de visiter de site web de l’association Once Upon a Train où tu trouveras de nombreuses ressources pour t’aider à organiser tes escapades.