Tchou Tchou dans l’Allier : chemin de fer et ruralité avec Arnault (3/4)

Dans le troisième épisode du podcast Tchou Tchou en Allier, je suis parti à la rencontre d’Arnault, le maire de Louroux de Bouble, un village de 250 habitants niché entre les vallées du Bellon et de la Bouble. Louroux est un village marqué par son histoire, sa voie ferrée, et la passion de son maire pour le maintien de son identité rurale.

A Bellenaves, j’ai emprunté le TER direction Montluçon pour m’arrêter dans la petite gare de Louroux de Bouble. Dans les années 1980, ce village de 250 habitants a subi un exode rural massif, mais aujourd’hui, la tendance semble s’inverser grâce à l’inventivité des habitants et du maire du village, Arnault. Ensemble, ils se battent pour faire revivre les commerces et donner envie aux gens de venir s’installer à Louroux.

Rencontre avec un enfant du pays

Arnault est un véritable enfant du pays. Il a passé toute son enfance à Louroux, avant de partir faire ses études à Lyon, puis de revenir s’installer comme vétérinaire à Bellenaves, le bourg voisin. Après avoir été conseiller municipal, il est devenu maire de son village d’enfance…

Son enfance, Arnault la décrit comme un rêve, une époque où jouer avec les copains était le quotidien. Mais les années 80 ont laissé place à un exode de ses pairs partis chercher du travail en ville.

Panorama sur le train dans l'Allier

Arnault, maire de Louroux de Bouble

Issu d’une famille de médecins, Arnault a choisi la voie de la médecine vétérinaire par passion pour les animaux. Le destin l’a ramené à Bellenaves, à 12 kilomètres de Louroux, où il a monté un cabinet avec son épouse. Trouver un métier à la campagne, explique-t-il, est un défi de taille avec l’hégémonie des métropoles.

Maire de Louroux-de-Bouble depuis 2020, Arnault est un homme attaché à son village. Ancien conseiller municipal depuis 1995, il voit son rôle comme une mission de service envers sa communauté. Louroux, bien que ne possédant pas de monuments remarquables, est un village niché dans une nature magnifique, avec la forêt des Colettes, la vallée de la Bouble, et la vallée du Bellon.

Actuellement, il y a un attrait pour la campagne pour la ruralité. Le village attirait avant des jeunes retraités en quête de quiétude, mais depuis le Covid, nous accueillons de plus en plus de jeunes familles. Notre rôle est de les aider à s’intégrer, à trouver leur place, pour que chacun se sente bien et que les enfants puissent grandir dans l’harmonie propre à la vie à la campagne…

Une histoire de village liée au chemin de fer

La ligne de chemin de fer, indissociable de l’histoire de Louroux, traverse le village entre Gannat et Lapeyrouse. Le viaduc des Fades, un ouvrage d’art d’Eiffel, témoigne du passé ferroviaire du village. Arnault, qui a toujours vécu au rythme des trains, explique son amour pour les voyages en train et le rôle central de la voie ferrée dans la vie du village.

Gare de Louroux de Bouble

Viaduc près de la ville de Louroux de Bouble

L'église de Louroux de Bouble

Pour Arnault, le train offre du temps et une pause bienvenue dans sa vie trépidante. C’est aussi l’occasion de lire, de se détendre, malgré les bruits parfois agités du voisinage. Son attachement à la voie ferrée est également lié à des souvenirs de jeunesse, notamment le turbo train orange Bordeaux – Lyon, dernier du genre à circuler sur cette ligne.

La voie de chemin de fer, inaugurée en 1869, a façonné le destin de Louroux. La petite gare du village a été essentielle pour le commerce des bestiaux, les engrais, et même le kaolin déchargé à Louroux. Malgré son impact positif, la ligne est aujourd’hui menacée, nécessitant des investissements importants pour sa survie.

Arnault évoque ses propres souvenirs liés à la voie ferrée, rappelant ses trajets quotidiens vers le lycée à Montluçon. Ses filles ont suivi le même chemin, partageant des moments mémorables à pied vers la gare. Les turbos trains orange, avec leur bruit caractéristique, restent gravés dans sa mémoire, témoins d’une époque révolue.

J’ai un peu une vie qui est à 100 000 à l’heure et quand je me pose dans le train, c’est déjà le début de mes vacances et que je vais pouvoir prendre un bouquin, je vais pouvoir me poser. Il y a le bruit, même si maintenant, avec les soudures sur les rails, on n’a plus tout à fait le tatac tatoum, tatac tatoum, mais il y a quand même un petit peu ça.

Comprendre l’hyper ruralité

Situé à 500 mètres d’altitude, Louroux est l’un des villages les plus isolés de l’axe Clermont – Montluçon. La vie dans cette campagne hyper rurale s’organise autour des quelques bourgs alentours, reliés par la ligne ferroviaire. Le maintien de cette ligne, vital pour les habitants, est au cœur des préoccupations d’Arnault.

Chemin de fer et petit village

Panorama depuis un viaduc près de Louroux de Bouble

Louroux est indéniablement un village hyper rural, souligne Arnault. La diversité des ruralités dépend de la distance par rapport à une ville importante. Louroux, loin des grandes cités, maintient son identité rurale grâce à un tissu associatif fort et une entraide communautaire. Le maire est fier de cet esprit, soulignant l’importance du bénévolat dans la vie du village.

Arnault aborde son rôle de maire avec humilité, soulignant l’amour qu’il porte à son village. La municipalité a dû faire face à l’exode rural et à la fermeture des commerces. La solution adoptée a été le rachat des bâtiments commerciaux, permettant leur rénovation et l’installation de nouveaux gérants. Cette initiative a contribué au maintien du réseau économique local.

Le maintien de la ligne de chemin de fer est aujourd’hui vital pour les habitants de Louroux. Cependant, les petites lignes et les dessertes fines sont précaires partout en France. Arnault évoque un dilemme stratégique et écologique lié à un projet de mine de lithium à La Bosse. Cette situation divise la communauté, mais Arnault voit peut-être dans cette opportunité la clé pour sauver la ligne SNCF.

Gare de Louroux de Bouble

Arnault partage son point de vue sur la fermeture de la ligne Lapérouse – Clermont, devenue inapte à supporter les trains de marchandises. Il évoque le projet de mine de lithium à La Bosse, source de débats dans la communauté. Pour lui, maintenir la ligne ferroviaire est essentiel, et chaque décision doit être pesée en considérant les bénéfices et les risques.

Découvrir le podcast Tchou Tchou dans l’Allier

En plus de ses responsabilités de maire, Arnault est un défenseur infatigable des mobilités douces. Il a créé un service de location de vélos à côté de la gare, encourageant ainsi l’exploration de la campagne environnante. Il souligne l’importance de préserver la beauté naturelle du village, offrant aux visiteurs la possibilité de découvrir les viaducs du Bellon et de la Perrière.

Il est maintenant temps pour moi de reprendre le train en direction de Bellenaves, pour la prochaine étape de mon périple à la rencontre de personnes passionnées qui font vivre nos villages. La prochaine halte : Armelle, l’herboriste passionnée d’ayurvéda installée à l’entrée du village.

Cet épisode a été imaginé et réalisé en collaboration avec l’association Once Upon a Train. Le podcast a été enregistré pendant le festival Rurail & Vous, qui a eu lieu au Champs des Couchettes en juin dernier. Merci à Anna, Samuela et Margaux pour leur accueil et leur bienveillance.

Si tu aimes les voyages en train, je te recommande de visiter de site web de l’association Once Upon a Train où tu trouveras de nombreuses ressources pour t’aider à organiser tes escapades.

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