Chez Calou, les fleurs ne sont cueillies que pour être dégustées. Sucrées, acidulées, poivrées, épicées, elles ont toute leur personnalité. Et elles trouvent leur place sur la table des plus grands chefs de la région. Comme une petite note colorée qui vient sublimer un plat. Prenez une grande inspiration et plongez avec moi au cœur du jardin merveilleux de Pascale dans ce nouvel épisode du podcast La France Baladeuse.
Immersion dans les Cévennes
Le jardin de Pascale est situé à deux pas de Sumène, dans le petit hameau de Pinoch. Il longe le GR 60, un chemin de randonnée qui relie l’Aubrac au Languedoc, en passant par le Mont Aigoual. C’est vert, c’est des arbres et des arbres à perte de vue. Beaucoup de châtaigniers, mais aussi et surtout des chênes verts !
Sur cette terre acide, on croise le chemin de la bruyère arborescente. Et puis aussi toutes les cultures que les anciens ont mis en place : les vieux cerisiers, les Reine-Claude ou quelques vieux mûriers qui datent de l’époque des vers à soie. Au XIXe siècle, l’élevage des vers à soie était un super complément pour tous ces agriculteurs qui vivaient là et pratiquaient la culture vivrière. Au hasard des allées du jardin, je remarque également beaucoup de vieilles souches de vignes que chaque villageois ou presque cultivait sur son terrain, pour fabriquer son vin…
Une ferme spécialisée dans la fleur comestible et bio
Pascale Villevalois est agricultrice et tellement fière de l’être. Il y a quelques années, elle a créé Les Fleurs de Calou, où elle produit des fleurs goûteuses, comestibles et bio. Avec pour base cet amour de la phytothérapie et des végétaux. Et aussi une initiation discrète mais évidente de ses grand-mères.
Il m’est revenu il n’y a pas si longtemps qu’en 2002, j’avais eu un choc un peu dans ma vie. Et je me souviens d’un cri du cœur qui était : mais moi, ce que je veux, c’est cueillir des fleurs !
Pascale a été citadine pendant longtemps et maintenant, elle a la chance d’être gardienne d’un jardin dans les Cévennes, avec une vue absolument magnifique, avec de l’eau qui coule. Une eau pure. Une grande biodiversité. Et un bonheur de mettre en culture des végétaux, des fleurs comestibles, des mescluns, des aromatiques et une clientèle de chef de cuisine.
Et on était là, on mettait la fleur en bouche et on cherchait. Mais quel mot peut-on mettre sur un goût comme celui-là ? Et c’était drôle parce qu’on était tous plongés dans nos pensées, avec nos pensées dans la bouche.
Croquer les fleurs avec des yeux d’enfants
Pascale entend beaucoup de personnes lui dire : « Mais oui, quand j’étais enfant, je les prenais les fleurs de glycines, je les mettais dans ma bouche ! ». Elle, c’était les fleurs de trèfle qu’elle mettait en bouche pour en aspirer le pollen. Ce qui lui plaisait, c’était le sucre, telle une abeille. Et puis aussi la beauté de la fleur. Chez de nombreux enfants, il y a cette attirance pour la fleur et cela imprime des sensations, des goûts, des souvenirs dans notre mémoire…
Dans son jardin, elle cultive par exemple le géranium rosat ou géranium bourbon. En tisane, cette fleur possède de merveilleuses propriétés. Certains chefs la transforment en sorbet ou font des infusions pour les utiliser en cuisine.
C’est génial de travailler avec des chefs. A chaque fois que je leur fais goûter une nouvelle plante, une nouvelle fleur, je vois cette petite lumière qui s’allume au dessus de leur tête.
Au hasard des bancels, nous tombons sur la Monarda didyma. C’est un peu le joyau du jardin. Elle est très belle ! On dirait un peu l’oiseau du paradis, mais en tout petit. Pascale m’invite à la mettre sur la langue et à laisser fondre. S’échappe alors une petite gouttelette de sucre et ensuite un parfum subtil, légèrement épicé, un petit peu bergamote. Un régal !
Militer pour la fleur artisanale
Comestibles, bio et artisanales, les fleurs de Pascale sont une véritable exception en France. En effet, si belle soit elle, la fleur reste une industrie très polluante. Heureusement, certains se battent pour faire évoluer les pratiques et les mentalités.
C’est le cas de Pascale, mais aussi des producteurs de fleurs adhérents du collectif de la Fleur Française. Sensibles aux enjeux écologiques, ils participent au mouvement slow flower, en proposant un circuit plus vert et une véritable alternative à la floriculture industrielle.
Pour aller plus loin, n’hésite pas à consulter mon dossier consacré à la fleur made in France et au mouvement slow flower.
Cet article a 2 commentaires
Cette douceur dans la voix de Pascale nous fait voyager dans ce si beau endroit des Cévennes.
On y entend les insectes et les oiseaux on hume le gout de ses fleurs.
On voyage par la pensée c’est calme et reposant.
Merci pour ce partage.
Merci pour ton retour !!!