Sophie : elle a tout plaqué pour devenir vigneronne et perpétuer l’histoire familiale

Il y a quelques années, Sophie a tout plaqué pour revenir vers ses racines. Fille et petite-fille de vignerons, elle a toujours voulu se détacher de son histoire familiale pour aller vivre sa vie ailleurs, parfois loin de la France. Et puis un jour, cet héritage l’a rattrapé et s’est imposé à elle comme une évidence.

Sophie travaille avec sa sœur au Vieux Chai, une exploitation viticole qui se situe dans le petit hameau de Ceps. Les deux sœurs ont repris les vignes de leurs parents qui les avaient héritées de leurs grands-parents. Une vraie histoire de famille donc, puisque cela fait déjà cinq générations de vignerons derrière elles.

Une véritable histoire de famille

Sophie et sa sœur sont installées en GAEC et elles travaillent des cépages anciens, des vieilles vignes. Elles perpétuent une culture ancienne : les gobelets. Et puis elles ont également planté des cépages emblématiques du Languedoc comme de la syrah, du mourvèdre ou du grenache qui est un cépage qui se plaît très bien dans la région.

Je suis née ici, j’ai vécu chez mes grands-parents où je venais très souvent en vacances. Je me suis vraiment attachée à cet endroit, parce qu’ici, on était en liberté ! En hiver, on était plutôt dans la montagne et en été, on se baignait dans la rivière. Je me souviens des parties de cache-cache entre les oliviers et les vignes. C’était vraiment notre terrain de jeu.

Arrivée à un moment de sa vie, Sophie a eu envie d’un retour aux sources. Elle cherchait également plus de créativité et de liberté dans son travail. Chose qu’elle ne retrouvait pas quand elle était salariée. Avant, Sophie travaillait dans l’enseignement. Même si elle aimait beaucoup son travail, elle aspirait à autre chose, à un projet qui lui ressemblait vraiment. Elle éprouvait le besoin de se rapprocher de la nature.

Portrait de Sophie Jean : vigneronne dans l'Hérault.

Et puis il y avait cette question de l’héritage, du patrimoine familial. Pendant longtemps, Sophie a cherché à s’en éloigner. Pour s’épanouir personnellement et professionnellement, elle a eu besoin de se détacher de son histoire, de prendre son envol. Même si au final, Sophie avoue avoir toujours eu un pied dans le domaine.

J’aime le retour à la tradition, à l’histoire, à l’authenticité…

Grâce à ses différents voyages et expériences à l’étranger, Sophie est rentrée au pays avec un nouveau regard. Elle a ainsi pu développer l’œnotourisme sur le domaine. Elle a également apporté sa patte sur certains millésimes, pour pouvoir se démarquer.

Sophie a créé une deuxième cuvée traditionnelle avec des cépages anciens et une autre, baptisée Expression qui va être un jus éphémère. C’est un vin qui va exister durant une année et pour lequel les deux sœurs vont sélectionner certains cépages, certains jus et les vinifier de manière à créer un seul et unique millésime.

J’ai bien réussi à trouver mes marques et à m’entendre avec ma sœur, pour me réinscrire dans cette longue histoire familiale.

Un vignoble au cœur de l’AOP Saint-Chinian

La famille Jean possède des parcelles de vignes qui sont vraiment isolées, situées en hauteur et qui surplombent la rivière Orb. Et tout autour, on voit la garrigue à perte de vue avec en fond de vallée, le massif du Caroux qui se dessine au loin.

Dans l’AOP Saint-Chinian, la garrigue est vraiment un marqueur du terroir. C’est un traceur aussi dans les vins à la dégustation : on retrouve en effet beaucoup d’arômes de garrigue dans les vins du Vieux Chai.

Les fleurs de la garrigue

Sophie sensibilise énormément les gens aux parfums et aux textures qu’on arrive à trouver à travers les plantes de la garrigue. Chaque semaine ou presque, elle emmène les visiteurs dans la garrigue pour cueillir et sentir toutes les plantes qui poussent ici. Un morceau de thym, un morceau de romarin. Le genévrier, le pistachier lentisque, le buplèvre ou encore le ciste qui a une odeur très épicée…

Le hameau de Ceps

Ceps est un petit hameau qui est accroché à la colline, au cœur de la vallée de l’Orb. Ici, il y a seulement 80 habitants à l’année. Toutes les anciennes maisons du village sont construites en galets de la rivière. Près de la rive, le terroir est argilo-calcaire. Et sur les terrasses en hauteur, il devient plus schisteux. On retrouve alors une pierre plate comme l’ardoise qui peut être friable, qui va refléter le soleil et emmagasiner la chaleur, en hiver comme en été.

Le schiste va ainsi accélérer le processus de la photosynthèse qui va apporter une belle minéralité dans le fruit et dans le vin. C’est grâce à cette pierre qu’on a un microclimat ici, puisque le schiste va créer un effet de serre.

C’est sûr que le terroir, ce n’est pas uniquement la terre. On va parler du climat. Bien sûr, si on parle de climat, on parle également de végétation. Donc, ce qui est intéressant ici, c’est qu’on a le soleil, de qui veut dire qu’on va avoir des vins quand même assez capiteux. Il y a une très grande diversité dans les sols, si bien qu’à partir d’une même variété, en contrebas comme en hauteur, va avoir des spécificités différentes.

Bien sûr, il y aura toujours les premiers marqueurs. Par exemple, sur une syrah, ce sera le fruit rouge. Mais en plus de ça, mais en contrebas sur un sol argilo-calcaire, on va avoir un peu plus d’intensité, un peu plus de rondeur. Et en hauteur, sur sol schisteux, on retrouvera plus de minéralité et de finesse en bouche. Tous les arômes de la garrigue vont se retrouver sur la baie du raisin et donc aussi dans le vin. Et ça, c’est vraiment la typicité aussi du terroir de l’AOP Saint-Chinian.

Balade au coeur de l'AOP Saint-Chinian

Nous nous baladons au cœur d’une parcelle de vigne qui a 90 ans. C’est une des plus anciennes vignes du domaine. Ici, Sophie cultive du cinsault et de l’aramon. Ce sont des vignes en gobelet, une technique de culture ancienne. Les plantations entre les rangs sont assez serrées puisqu’à l’époque, le grand-père de Sophie a travaillé avec le cheval. Aujourd’hui, Sophie aime beaucoup travailler sur ses vignes parce que ça a un côté très poétique.

Quand on regarde ces pieds de vignes, on pourrait croire qu’ils sont à l’état sauvage. La vigne peut aller dans n’importe quelle direction. Ici, c’est la nature qui la guide. Elle est cultivée sans aucun herbicide. Dans cette parcelle, la charrue ne passe pas partout et l’interceps. Sophie est donc obligée d’aller piocher à la main…

En savoir plus sur le domaine du Vieux Chai

Le domaine du Vieux Chai est situé au sud du Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc, à deux pas du hameau de Ceps, près du village de Roquebrun. Les vignes s’épanouissent dans le terroir de l’AOP Saint-Chinian, pour l’essentiel sur de très petites parcelles entourées de garrigue.

Toutes les cuvées sont vinifiées dans la cave traditionnelle et la récolte des raisins se fait entièrement à la main.

Sophie organise régulièrement des balades dégustation en petit groupe à la vigne et à la cave. N’hésitez pas à la contacter pour la rencontrer !

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Cette publication a un commentaire

  1. Jeanne

    Une histoire inspirante, une belle histoire de famille ! Bonne continuation Sophie!

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