Mon histoire avec le graffiti toulousain a débuté à Arnaud-Bernard, une quartier populaire de Toulouse. Nous avons répondu à l’invitation de la blogueuse Cloé Sans H, une véritable passionnée de graffiti et de street art. L’idée du jour : nous faire découvrir l’histoire du graffiti à Toulouse en une après-midi. Programme ambitieux certes, mais une excellente entrée en matière pour découvrir la ville sous un visage totalement différent, à mille lieues du Capitole et des berges de la Garonne.
Itinéraire à travers l’histoire du graffiti à Toulouse
C’est à deux pas de la place Arnaud-Bernard, dans le jardin d’Embarthe, que tout aurait débuté ou presque. On peut y voir une très ancienne fresque peinte par Soune, l’un des membres du collectif Truskool. A quelques centaines de mètres de là, je découvre la rue Gramat dont les murs sont devenus un territoire d’expression libre. Une sorte d’ode au graffiti où chacun vient poser sa pierre, du simple blaze à la bombe à la fresque pleine de couleurs.
Quelques arrêts de bus plus loin, nous nous retrouvons du côté de l’espace Cobalt. Nous avons rendez-vous avec le graffiti artiste Tilt pour découvrir les ateliers du 50cinq. Sur le chemin, on ne peut pas rater l’immense fresque de Kouka posée sur les portes d’un entrepôt en brique. L’espace Cobalt est un lieu dédié à l’art et aux cultures urbaines, installé dans une friche réhabilitée du quartier de Montaudran. De l’événementiel, 3 ateliers de graffeurs, des résidences d’artistes et des bureaux accueillant pêle-mêle plasticiens, graphistes et designers. C’est dans cette formidable galerie de street art à ciel ouvert, installée au bord de la voie ferrée, qu’a germé l’idée de Rose Béton, le festival toulousain consacré aux arts urbains.
Sous le pont de la voie ferrée de l’avenue Saint-Exupéry, la fresque réalisée par Azot, Sismik, Reso et Mondé envoûte littéralement. Le visage d’un petit garçon, un avion miniature dans les mains, qui rêve d’aller toucher les étoiles. Ce tableau et la fresque qui lui fait face symbolisent La Piste des Géants, en écho aux pionniers de l’aéropostale : Saint Exupéry, Mermoz, Guillaumet et les autres…
La balade se poursuit en direction du Pont des Demoiselles où l’artiste catalan Aryz a imprimé sa marque sur la façade aveugle d’un immeuble des années 1970, dans le cadre du festival Rose Béton. Le long du canal, on découvre sur les murs de l’école Anatole France une réalisation de Jace. Mais le meilleur est à venir du côte de Paul Eluard, où Reso, Sat One et Wow se partagent l’affiche.
Entretien avec le graffiti artiste toulousain Tilt
Tilt fait partie des artistes pionniers du graffiti à Toulouse. Il a commencé à s’y intéresser à la fin des années 1980. A l’époque, personne ne connaissait encore le graff ou le street art. Avec sa bande de potes, ils commandaient des magazines spécialisés en Finlande, qui mettaient plus de trois semaines à arriver. Dès l’âge de 18 ans, Tilt décide de s’investir totalement dans le graffiti qui devient très vite une passion. A l’époque, c’était vraiment un art en marge de la société. Quelque-chose de véritablement transgressif, dont on ne parlait pas ni à la télé, ni dans les journaux.
Je ne m’interdis rien, je fais ce que j’ai envie, je le pose dans une galerie. Il y aura des gens qui diront que c’est de la merde, d’autres qui s’en fouteront et ceux qui vont trouver ça génial…
Imprimer sa marque. Laisser sa trace dans la ville. Voilà le véritable leitmotiv de cette poignée de graffeurs qui à l’époque était plutôt perçu comme de véritables vandales. Mais aujourd’hui les choses ont évolué et le graffiti s’est démocratisé. Tilt se sent toujours aussi libre, même si le monde de l’art paraît à ses yeux bien plus compliqué que celui de la rue.
Quelle est pour toi la différence entre graffiti artiste et street artiste ?
Pour moi il y a deux éléments totalement distincts qui sont en train d’émerger actuellement, c’est la séparation entre le street art et le graffiti. En fait je dirais que le street art est issu du graffiti, mis à part quelques artistes qui ont pu faire du pochoir dans les années 1960 par exemple. A une époque, certains artistes comme Miss Van, Fafi ou Space Invader, ont voulu sortir du graffiti. Ils ne pouvaient plus être catalogués dans le graffiti car ils n’écrivaient pas des lettres. Parce qu’ils ne peignaient pas des trains ou ne faisaient pas de graffiti vandale. Ils préféraient faire du figuratif au pinceau, de la mosaïque ou peindre des posters. Et puis est arrivé Banksy qui est devenu le chef de file de ce mouvement, après avoir été révélé et propulsé sur le devant de la scène par Christies. Il devient rapidement l’une des égéries du mouvement street art actuel. Il y a eu ensuite une assimilation des différentes techniques (graffiti, pochoir, collage) sous la bannière du street art. Mais moi je crois qu’il ne peut pas y avoir de dérive dans le graffiti. Un graffeur c’est un artiste qui peint dans sa ville. Il peint des trains, il peint des murs et éventuellement il colle des autocollants. Mais avec l’arrivée du street art et d’internet, on est plus du tout sur la même discipline. Plus besoin de savoir manier la bombe pour devenir un super bon street artiste.
Un street artiste va utiliser la rue pour mettre en avant un propos. Pour le graffiti artiste, le propos c’est la rue.
Je pense que même si de plus en plus de graffiti artistes ont des ateliers et exposent dans des galeries, ils continuent à sortir pour peindre dans la rue, faire de l’art vandale, etc. Ce que je veux dire c’est que certains ne sont jamais passés par la rue. Et c’est pour ça qu’aujourd’hui, on commence à voir apparaître une véritable scission entre graffiti art et street art. On voit même revenir un graffiti hyper radical et hyper dur, parce que le propos est là. Le graffiti c’est un acte libertaire, quelque-chose d’arrogant même. La vraie différence, c’est que le street art essaie de parler à tous le monde. Alors que le graffiti lui, ne va pas forcément s’adresser à tous les publics. Le message n’est pas aussi évident et affiché que dans le street art.
Quelle est ta démarche et comment définis-tu ton travail ?
Je suis passé par un peu tous les stades. Mais j’ai décidé de ne pas aller dans la direction où l’on m’attendait. J’ai eu envie de garder l’essence du graffiti qui est la lettre. Je suis passé de quelque-chose de figuratif à quelque-chose de plus radical. En fait, mon travail c’est essayer de donner un autre point de vue sur ce que beaucoup considèrent comme du vandalisme. J’ai commencé à faire d’immenses murs et des toiles remplies de lettres où tout se mélange. Puis j’ai pris des voitures ou des poubelles, je les ai découpées sur la tranche pour que l’objet ne soit plus un objet en quelque-sorte. Parce-que la définition du vandalisme, c’est d’ôter sa fonction à un objet. C’est à dire casser une vitre, brûler une voiture,… là l’objet est vandalisé. Mon idée était de décontextualiser cette idée de vandalisme en exposant les objets dans une galerie. Et la même personne qui pensait que ces graffitis vus dans l’espace public était une forme de vandalisme. Et bien dans un musée, elle va trouver ça génial, c’est de l’art. Tout est en fait une histoire de point de vue et de contexte.
Une histoire de FLOP
Le FLOP, c’est un peu mon logo, le truc qui me caractérise, ma marque de fabrique en quelque sorte. Un jour j’en ai fait un avec le drapeau américain. Et puis je me suis dit que ce serait cool de partir faire un tour d’Europe pour créer des FLOP avec le drapeau de chaque pays visité. J’ai commencé ce projet en 1999. Et ensuite, j’ai essayé de trouver quelque-chose qui pouvait faire le lien entre cette peinture que j’avais pu poser en Roumanie, la photo que j’avais prise et quelque-chose que je pourrais exposer. Et c’est de là qu’est venue cette idée de récupérer des devises de chaque pays et de reproduire le FLOP que j’avais posé dans le pays. Avec derrière une réflexion sur le certificat d’authenticité d’une oeuvre. Ce n’est pas juste une série de billets avec un FLOP, c’est aussi l’histoire d’un voyage. Et comme pour le voyage, on peut attraper le virus du graffiti. Tu peins dans ta ville et tu as envie de devenir le graffeur le plus connu de Toulouse. Et puis après tu as envie d’être vu à Paris, à Marseille. Puis à Lisbonne, à New-York. Et quand des gens reviennent de l’autre bout du monde et te disent : « tu sais quoi, j’ai vu un de tes graffitis », là ça devient vraiment génial…
Pour en savoir plus sur la graffiti toulousain
Dans son livre Une histoire du graffiti toulousain, Olivier Gal revient sur l’aventure du collectif Truskool. A travers le portrait de ce crew de graffeurs emblématiques de Toulouse, il raconte l’histoire du street art et du graffiti dans la ville rose, des années 1990 à aujourd’hui.
Petit carnet d’adresses à Toulouse
Si tu as envie de dormir dans un 4 étoiles
Au 13bis rue Matabiau, l’hôtel Happy Culture pourrait bien être l’endroit qu’il te faut. Pour être honnête, je ne suis pas un grand fan de ce type d’établissement. Mais il faut bien reconnaître que son concept un peu différent à de quoi séduire. J’ai bien aimé les apéros terroir organisés chaque soir au rez-de-chaussée, pour essayer de ramener un peu de convivialité au sein de l’hôtel. Une invitation à déguster des produits locaux en buvant une petite coupette. Une idée qui mériterait encore d’être creusée…
Si tu aimes manger vegan
Chez Végétayelle c’est à la fois un salon de thé, un snack et un restaurant vegan. Et le dimanche, tu peux même y venir pour le brunch. Croque vegan, burger bio ou lasagne de courgette et patate douce t’attendent à la table de ce petit lieu sympathique, dissimulé dans un recoin de la place Occitane.
Si tu veux boire une bière locale
Au bar l’Autruche, on danse tout les soirs sur de la musique live. Mais surtout, on vient déguster les bières artisanales de la micro brasserie du Bec. En plein coeur du quartier de Saint-Aubin, ce « brewpub » à l’ambiance très conviviale propose même des ateliers de brassage durant la semaine. Une excellente adresse à découvrir…
Cet article est un condensé du week-end #EnFranceAussi organisé au mois de mai dernier, en partenariat avec Ouibus, So Toulouse et les hôtels Happy Culture. Les choix éditoriaux et les contenus proposés dans cet article me reviennent.
N’hésitez pas à consulter la page Facebook En France Aussi pour découvrir tous les articles des blogueurs ayant participé à ce week-end toulousain !
Cet article a 12 commentaires
et bien voilà tu as su comment te servir de ton enregistrement 😉
c’est cool que tu es pu tout enregistrer, c’est intéressant d’avoir les propos justes, au mot près.
j’ai beaucoup aimé cette rencontre avec Tilt qui m’a permis d’avoir un regard nouveau sur le graffiti et le street art. Et je suis complètement fan de son projet de flops sur les billets de banque du monde.
Oui c’est vrai que son idée est assez sympa… même si je crois que je préfère son travail de décontextualisation qui me parle plus… Merci pour ton commentaire !
Tes photos de l’atelier de Tilt sont vraiment sympas ! J’aime bien aussi l’idée de la carte pour retrouver les oeuvres de street art dans la ville c’est beaucoup plus pratique que de donner toutes les adresses … Ravie de t’avoir rencontré en tout cas !
Une approche différente de ce trip avec tes copines bloggueuse.
Un très très bel article que je vais m’empresser de partager
Bizzzz
Merci d’avoir découvert notre hôtel ! 🙂 Nous sommes ravis s’il a pu te faire changer d’avis sur l’hôtellerie!
Merci beaucoup pour ce beau récit. C’est juste sublime.
Merci beaucoup Sabrina ! A bientôt !
J’ai adoré cette visite sur le street art et la rencontre avec Tilt, cela a mis en perspective pas mal de choses pour moi car j’aime bien le street art mais je n’y connaissais rien avant. Super la carte pour retrouver les fresques, car perso j’ai suivi Cloé sans trop regardé et je serais incapable de retrouver les oeuvres dans la ville ^^
Une belle découverte ce parcours Street Art avec Cloé c’était un milieu complètement inconnu pour moi j’en sais un peu plus maintenant. Bonne idée la carte c’est pratique et astucieux 😉
Très interressant! Merci pour cet article de qualité
une nouvelle adresse, à toulouse, un mur de plus de trente mètres de longs, derrière le bâtiment blanc appelé JOB , rue ou avenue de blagnac, descendre,photo ok à voir absolument, trouver petit chemin qui surplombe le mur