Mode éco responsable & made in France : pour en finir avec la fast fashion

La mode : une industrie polluante

Depuis la fin des années 1990, la quantité de vêtements achetés par les français et les européens a bondi de plus de 40%. Selon Greenpeace, 100 milliards de vêtements ont été achetés dans le monde pour la seule année 2014.

Le début des années 2000 coïncide avec l’avènement des grandes marques de fast fashion qui proposent de plus en plus de collections tout au long de l’année. Certaines renouvellent leur rayon plus de 20 fois par an. Et la conséquence directe de cette évolution, c’est l’augmentation de la consommation globale de vêtements et la réduction drastique de la durée de vie d’une pièce.

Aujourd’hui, la plupart de nos vêtements finissent à la poubelle, parfois même sans avoir été ni portés ni vendus. Et il n’existe quasiment aucune filière de recyclage, même si des villes, comme Montpellier, Paris ou Lyon par exemple, ont développé des outils de collecte et de revalorisation des vêtements usagés. Aujourd’hui, moins de 2% des matières utilisées pour fabriquer un vêtement sont réutilisées. Pour le reste, c’est direction la décharge ou l’incinération.

Il faut 8000 litres d’eau pour fabriquer un jean

L’industrie de la mode est une très grande consommatrice de matières premières. Et c’est notamment la cas du coton, qui représente 25% de la production textile dans le monde, avec de nombreuses conséquences sur la planète et les écosystèmes. Il faut en moyenne 8000 litres d’eau pour fabriquer un seul jean ! C’est juste énorme…

Du pétrole dans nos vêtements

L’industrie textile est également une grande consommatrice de pétrole, puisque cette matière première est indispensable à la fabrication du plastique. Et le plastique est nécessaire à la fabrication du polyester, l’une des matières synthétiques les plus utilisées par l’industrie textile.

Du CO2 en veux-tu en voilà

Enfin, la mode est une très grande productrice de CO2 liée notamment :

• à la production des matières premières via l’élevage intensif pour le cuir ou la laine par exemple ;
• le transport des vêtements qui se fait majoritairement en avion sur de longues distances, puisqu’une grande partie de la production vendue en Europe vient directement d’Asie ;
• mais l’empreinte carbone de la mode est très élevée essentiellement à cause de la production des matières premières comme le coton ou les fibres synthétiques qui produisent plus d’1 milliard de tonnes de CO2 selon la Fondation Ellen MacArthur.

Qu’est-ce que la mode éco responsable ?

La mode écoresponsable aujourd’hui, ce sont des marques qui s’engagent à produire de manière raisonnée avec un faible impact environnemental (il y en a toujours un), tout en :

• évitant la surproduction ;
• utilisant des matières durables ;
• assurant une juste rémunération des travailleurs.

Nous le savons tous, la mode est une industrie très polluante, mais il existe aujourd’hui des alternatives plus durables pour limiter l’impact de cette filière sur l’environnement. Cela passe évidemment par la sélection des matières premières, la relocalisation des filières, le changement de packaging, le choix du mode de transport, la limitation du nombre d’intermédiaires, etc.

3 pistes pour une mode plus responsable

Privilégier le recyclage et les matériaux naturels ou bio

Pour préserver l’environnement et les écosystèmes, de nombreuses marques changent leurs habitudes, en travaillant avec de nouvelles matières naturelles et bio ou bien des matériaux recyclés. Aujourd’hui, la plupart de nos vêtements sont fabriqués en polyester (un dérivé de plastique) ou en coton, dont la culture est très polluante.

Pour limiter leur impact, certaines marques travaillent à partir de matières recyclées comme le polyester ou le plastique, ou bien à partir d’anciennes pièces récupérées dans des ressourceries ou à Emmaüs. C’est le cas par exemple de Polère, une marque qui crée des vêtements en polaire upcyclée.

Si recycler la matière ou récupérer des pièces anciennes est une piste intéressante pour un mode plus responsable, privilégier les matières naturelles et bio en est une autre. De plus en plus de marques choisissent des matières issues de l’agriculture biologique. Alors oui, acheter du coton bio coûte plus cher que du coton conventionnel, mais c’est le prix à payer.

Malheureusement, il est encore difficile de trouver toutes les matières premières nécessaires à la confection en France ou en Europe. Des certifications comme GOTS ou Organic Content Standard peuvent vous aider à faire votre choix.

Résister au solde et acheter moins de vêtements

Chaque français achète en moyenne 10 kg de vêtements et de chaussures chaque année. Mais même avec une garde-robe bien remplie, nous avons tendance à toujours porter les mêmes vêtements. 68% des pièces que nous possédons ne sont jamais portées durant l’année. Et si la solution, c’était de résister aux publicités qui nous poussent à la consommation, ou encore à arrêter les soldes ?

En achetant moins, nous pouvons agir sur la sur-production des grandes marques low cost comme H&M, Zara ou Mango. Ces dernières n’hésitent pas à sur-fabriquer des pièces, quitte à les brûler ensuite.

De même, les soldes d’été et d’hiver incitent de nombreuses marques à vendre leurs créations plus chères, pour pouvoir ensuite proposer des rabais durant les périodes de soldes.

Rendre les labels écologiques plus accessibles et plus lisibles

Obtenir un label ou une certification, ça coûte très cher et de nombreuses petites marques ne peuvent tout simplement pas y accéder. Ce constat est partagé par de nombreux créateurs qui s’engagent dans une réelle démarche éco responsable, mais qui ne peuvent pas, faute de moyens, faire certifier ou labelliser leur collection.

Aujourd’hui, plusieurs labels comme Origine France Garantie, Made in Green, GOTS ou Fair Wear Foundation proposent de certifier les marques textiles selon différents critères :

• textile sans produits chimiques ;
• fabrication française ;
• matières premières issues de l’agriculture biologique ;
• conditions de travail et juste rémunération ;
• etc.

Si la principale problématique de ces labels, c’est évidemment le coût de la certification, ils affichent aussi un problème de transparence. Comment sont sélectionnées les marques labellisées ? Quels sont exactement les critères de chaque label ? Par exemple, le label Origine France peut certifier des produits dont 50% et 100% du prix de revient unitaire est français. Quid du reste…

Comment agir pour changer ses habitudes ?

Pour consommer mieux et acheter moins de vêtements, il est possible de changer facilement ces habitudes :

• en prenant soin de ses vêtements et en préférant une retouche plutôt que le rachat systématique d’une nouvelle pièce. Mais aussi en lavant moins et à plus basse température.
• en se posant la question de ses besoins avant d’acheter. Ces magnifiques chaussures vous font envie, mais en avez-vous vraiment l’utilité ? Et ce petit prix qui vous fait de l’œil, n’est-ce pas lui qui vous fait envie plutôt que cette nouvelle chemise ?
• en cherchant d’abord des vêtements de seconde main. Ce sont les pièces neuves qui impactent véritablement l’environnement. Il faut 8 000 litres d’eau pour produire un jean, 20 kg de matières premières pour un t-shirt léger et une chemise en fibre synthétique émet 11,9 kg CO2eq/kg.

Des initiatives made in France plus responsables

En France, de nombreux artisans et marques tentent de renouer avec une mode plus responsable, plus locale et plus résiliente. C’est le cas notamment d’Hélène de Turckheim et de sa marque Mohair du Pastèl, que vous pouvez retrouver dans le dernier épisode du podcast.

Dans sa petite ferme nichée au fin fond de l’Aude, elle produit de la laine naturelle selon une méthode artisanale et éco responsable. Elle travaille ensuite avec un réseau de couturières et d’ateliers de confection installés en Occitanie. Elle propose ainsi à ses clients des vêtements et des accessoires en laine mohair made in France et produits en circuit court.

En Lozère, l’atelier Tuffery crée des collections de jeans durables en proposant des pièces à base de laine ou de chanvre, pour limiter l’impact environnemental. Leurs jeans en coton sont certifiés GOTS pour répondre aux exigences d’une production écologique et socialement responsable.

Enfin à Perpignan, l’entreprise Payote confectionne des espadrilles made in France en réinventant les codes duc genre. Cette marque propose notamment la toute première espadrille en toile recyclée, fabriquée à partir de déchets collectés dans la mer Méditerranée. Toutes les espadrilles de la marque sont conçues en France, contrairement à 80% de la production mondiale.

Pour aller plus loin

• Fast Fashion : comment en finir avec l’ère de la mode jetable ? (Usbek & Rica)
• CO2, eau, microplastique : la mode est l’une des industries les plus polluantes du monde (Le Monde)
• Mode éthique ou fast-fashion ? (Greenpeace)
• Eco Yako : le média écolo indépendant qui décrypte l’actu green avec bienveillance et déculpabilisation
• Nouveau modèle : le podcast sur la mode responsable et engagée