Quitter sa maison pour vivre en van aménagé
Vous n’avez jamais rêvé de partir en voyage à durée indéterminée ? De vous réveiller chaque matin dans un nouveau décor ? De suivre la route à l’infini, au bout de la France ou au bout du monde ? Certains ont décidé de sauter le pas, de lâcher leur appartement pour aménager un van ou construire une maison roulante. La vanlife est devenu une véritable tendance de société, ils sont plusieurs milliers en France à avoir adopté ce mode de vie, encore plus en Allemagne où le phénomène s’est démocratisé depuis plus longtemps.
« On peut penser que voyager en van est limitant en termes d’espace, alors que c’est une vie au-dehors, ouverte sur le monde. L’extérieur devient votre jardin »
Florent Conti, auteur de Ma vie en van : Pour vivre heureux, vivons léger.
Recherche d’aventure, envie de liberté, slow life ou prise de conscience écologique, les raisons qui motivent à adopter la vanlife sont nombreuses. Si la tendance explose depuis quelques années, ce mouvement n’est pas totalement nouveau.
Il a débuté il y a 50 ans, dans les années 1960 à 1970 aux Etats-Unis, avec l’apparition des premiers combis Volkswagen. Ce petit camion aménagé est vite devenu le symbole du voyage et de la liberté dans les communautés hippies. En Europe et en France, ce sont plutôt les camping-cars qui se sont démocratisés dans les années 1980 à 1990 auprès de personnes plus âgées.
Un vrai phénomène de société
Le van était plutôt le véhicule des travailleurs saisonniers ou des travelers anglais, mais depuis 4 ou 5 ans, il s’impose comme un véritable phénomène de société. La vanlife a pris une réelle ampleur en France, comme en témoignent les nombreux récits de voyageurs récemment convertis sur Instagram. Ces derniers ont souvent entre 25 et 35 ans, sont célibataires ou en couple sans enfant. Mais en fait, il n’existe pas de profil type de vanlifers, car même les plus de 60 ans, jeunes retraités, se laissent tenter par ce mode de vie nomade.
Ils ont choisi de prendre la route de manière définitive ou adoptent la vanlife pour quelques semaines ou quelques mois dans l’année, avec c’est envie de vivre leur rêve de voyage et d’aventure sur la route. Selon Maxime Brousse, auteur du livre Les Nouveaux Nomades, « Leur décision est personnelle, individualiste, mue non par une volonté de changer le monde, mais de tracer leur propre route ».
Au bout du monde depuis plusieurs années, en mode nomade digital sur les routes de France, voyageurs en alternance en fonction des saisons, tous les vanlifers recherchent un mode de vie plus minimaliste et souhaitent s’affranchir des frontières géographiques et de la question matérielle. Less is more, voilà leur leitmotiv pour une vie plus simple, plus proche de la nature, des gens et de leurs aspirations. Le retour à la vie sédentaire n’est pas une obligation pour tous, certains cherchent même à en faire le deuil pour vivre leur vie comme ils l’entendent…
Ces vanlifers qui explorent la France
Marianne et Kim : vanlifers et entrepreneurs nomades
Pour Marianne, la vie en van a commencé en 2017 quand elle a rencontré son conjoint Kim. Il avait déjà acheté son véhicule avec le projet d’y vivre à l’année. Ils ont fait un premier test de road trip ensemble, pour voir comment ça pouvait fonctionner dans un si petit espace et ça a plutôt bien collé. A la suite de cette micro aventure, ils ont tous les deux décidé de quitter leur emploi salarié.
Entre 2017 et 2020, ils ont commencé un tour d’Europe en mode slow travel, puis ils ont dû revenir en France à cause de la pandémie. C’est à ce moment-là qu’ils ont rencontré Sylvain et Chloé, un couple de développeurs, créateurs de Webmakers on the Road. Depuis, ils travaillent ensemble au développement de ce studio nomade spécialisé dans la création de sites internet et d’applications mobiles.
Quand tu vis en van, tu te sens libre en fait ! Tu n’as pas d’attaches, tu n’as pas de loyer. C’est vraiment une liberté de vie avec un grand V !
Kim connaît la vie nomade depuis l’enfance et vivre en fourgon était pour lui une idée fixe. Pour Marianne, le changement est arrivé plus tard, en 2014, quand elle est partie vivre au Mexique. De retour en France un an et demi plus tard, elle ne voulait pas reprendre un mode de vie traditionnel. C’est en travaillant en saison qu’elle rencontre Kim qui avait ce projet de devenir nomade. Elle l’a suivi dans l’aventure avec cette envie de revenir à l’essentiel…
Se recentrer sur l’essentiel, c’est à dire que tu ne peux pas gaspiller l’eau comme tu peux le faire dans une maison. Tu es obligé de faire gaffe. Faire attention à l’écologie aussi. Tu te rends compte que les ressources ne sont pas inépuisables et la planète, elle est là et il faut y faire attention.
Aujourd’hui, ils pratiquent la vanlife dans le Vaucluse, mais ils ont décidé de reprendre la route au mois de mars, direction Thionville, pour rejoindre Sylvain et Chloé.
Pour Marianne, le plus important dans le choix de son van, c’est l’utilisation qu’on va en faire. Est-ce que c’est pour des week ends ? Est-ce que c’est pour des vacances ? Est ce que c’est pour y vivre à l’année ? Parce que le choix du véhicule va vraiment être primordial à ce niveau là : ce n’est pas la même chose de voyager dans un petit T4 ou dans un utilitaire réhaussé dans lequel tu peux tenir debout.
Retrouvez tous mes conseils vanlife de Marianne et Kim sur leur chaîne Youtube et leur compte Instagram.
Hélène et Paule-Elise : vanlifeuses à temps partiel
Hélène et Paule-Elise ont une maison à l’année, mais elles ont choisi la vanlife pour les vacances depuis 6 ans maintenant. D’abord avec un gros van Mercedes, puis aujourd’hui avec un Berlingo aménagé, plus petit et plus maniable. Elles prennent la route 4 à 6 semaines dans l’année et durant les week-ends, en automne ou au printemps.
Selon elles, voyager en van permet vraiment de découvrir une France qui est très rurale, très campagne, où tu ne t’arrêtes pas forcément quand tu prends le train.
Quand tu traverses les territoires en van, tu les ressens vraiment différemment.
Ce qui leur plaît dans le voyage en van, c’est vraiment la liberté que ça donne. Le fait de ne plus avoir besoin de réserver ses vacances super en avance.
Tu choisis une région que tu explores un peu au jour le jour. Si ça te plait, tu restes. Si ça ne te plait pas, tu vas ailleurs.
Pas forcément besoin d’être un grand bricoleur pour aménager un van. Hélène et Paule-Elise ont fait appel à un artisan sur St Etienne qui propose des boxes tout en un, à installer à l’arrière de son utilitaire. C’est un système modulaire qui permet d’avoir un couchage, un système de cuisson et des espaces de rangement.
Entre vadrouilles et festivals, ces vanlifeuses explorent la France loin des sentiers battus en privilégiant les départements peu fréquentés, comme la Corrèze ou la Creuse. Parmi leurs coups de cœur, il y a l’Auvergne, du côté du Cézallier, ou encore le Jura ou l’Aubrac. L’été en van, la moyenne montagne est une destination idéale pour fuir la chaleur… Voyager en camion aménagé, c’est également l’occasion de découvrir des lieux totalement méconnus, au hasard des routes.
Nous, quand on a acheté le van, on n’avait jamais testé cette façon de voyager. C’était un peu un pari quand même ! On a commencé avec un gros van assez ancien pour finalement choisir un format plus petit. Un conseil que je donnerais, c’est peut-être essayer d’en louer un pour quelques semaines, pour voir si ça vous plait ou pas.
Pour Hélène et Paule-Elise, il n’est pas nécessaire de préparer tous ses itinéraires à l’avance. Ce petit côté partir à l’aventure, vers l’inconnu, peut faire peur au départ mais il faut réussir à lâcher prise. Vous pouvez avoir un point de chute final, mais gardez de la souplesse pour toutes vos étapes intermédiaires. Partez l’esprit ouvert, laissez-vous prendre par le temps qui passe, arrêtez-vous où ça vous plaît, c’est ça la magie du voyage en van…
Retrouvez tous les conseils voyage de Paule-Elise et Helene sur leur blog 1916km.
Vanlife, les nouveaux nomades : le film incontournable
Pour aller plus loin, ne manquez pas le film Vanlife, les nouveaux nomades qui va à la rencontre des vanlifers en Australie, en Norvège mais aussi en France. Un film de référence réalisé par Florian et Laurent des Coflocs.